La petite rubrique de Chantal : « Chante la vie, chante… »
« Si vous ne pouvez m’apprendre à voler, apprenez-moi à chanter » a dit Sir James Barrie ( écrivain et dramaturge écossais, célèbre pour avoir créé le personnage de Peter Pan).
Par cette rubrique, j’aimerais explorer au fil des mois et avec vous, toutes les possibilités que recèle la voix … si chère à notre « chœur » !
Tout voyage organisé commençant par un point de départ, je vous propose de redécouvrir quelques rudiments enseignés par Séverine Delforge, lors d’une journée de formation que j’ai eu le bonheur de suivre au siège de « A cœur Joie de Namur », il y a de cela quelques années. L’idée est de se remettre certains concepts en mémoire, pour les « anciens » que nous sommes et de partager les pistes reçues avec les nouveaux choristes.
Séverine est soprano lyrique, licenciée en chant, Chef de chœur et pédagogue dans l’âme. Elle se produit dans des répertoires allant du baroque à la musique contemporaine et est régulièrement invitée à des ateliers sur la technique vocale spécifique aux choristes. Sa réflexion porte sur ce qui est important pour bien chanter.
Il en résulte :le physique, le mental, le social et la technique.
C’est dire que l’ordre énuméré est éloquent : la première place revient à notre corps !
« La voix c’est le corps, notre instrument » : « Sommes-nous vraiment obligés de chanter raides et figés ? », demande Séverine.
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A) Elle nous propose quelques exercices de réveil du corps (en musique s’il-vous-plaît)…
1. Faire danser les coudes, mains aux épaules ( sans que les épaules ne tournent).
2. Hausser successivement les épaules, tout en douceur (lent/rapide).
3. Pieds écartés, balancer les hanches, en douceur ( « queue de chat ») Lent/rapide.
4. Relâcher doucement la nuque (sentir sa lourdeur), en effectuant un demi-cercle à gauche puis à droite.
5. Simuler de grimper sur une échelle avec ses bras (peu à peu les échelons s’espacent… étirer les bras en rythme puis revenir à des échelons plus courts). Associer légèrement le rythme des jambes.
Séverine nous rappelle que l’on a prise sur sa respiration et sa détente corporelle pour dégager sa voix et que l’énergie n’est pas toujours synonyme de mouvements démesurés et de vitalité débordante. En effet, l’énergie est aussi nécessaire pour produire des choses très intériorisées, des pianissimi ou simplement pour rester immobiles et silencieux sur scène .
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B) Voici d’autres propositions faites pour travailler notre souffle :
AIR > SOUFFLE = SONS.
1. Couché sur le sol puis debout, respirer et… observer sa respiration normale.
2. Debout, créer des situations symboliques :
-attendre le bus, il fait froid (se réchauffer les mains de son souffle… il fait très froid !) : qu’est-ce que je ressens dans mon corps ?
-souffler dans ses mains comme pour les refroidir d’une brûlure ( souffle long et continu / fort et vite) : que ressentons-nous ?
-souffler dans une paille imaginaire placée dans un verre ( très doucement, faire des petites bulles).
-souffler comme pour éteindre des petites bougies veilleuses (mains sur le diaphragme, qu’est-ce que je ressens ?).
-assis, poser la paume d’une main dans le creux de l’autre main. Pencher la tête vers les cuisses, détendre la nuque, inspirer et souffler lentement ( But : sentir les côtes qui s’écartent ).
Séverine nous dit : « Apprendre, à travers la respiration, à acquérir souplesse et flexibilité de l’appareil respiratoire et des côtes, à travers des exercices très légato pour sortir le souffle et la voix.
L’intérêt de bien respirer est également de soulager la voix !
Séverine rappelle l’importance de faire des vocalises en variant les modes (fort/doux) ainsi que les tons pour nous amener à sentir le passage du souffle, de l’air (le stress empêche l’air de sortir). Elle dit également que le chant s’approprie, qu’il s’intègre dans le corps et dans le mental. Par conséquent, elle conseille d’éviter d’ânonner lors d’un échauffement.
Faire régulièrement l’exercice : le nourrir, l’enrichir, le ressentir.
Séverine précise que « l’intention surpasse la technique ». Un bon échauffement permet de distiller, petit à petit, de la technique, afin de nous donner des « outils de référence » (devenir conscient que la langue est mal placée ou que les épaules sont nouées pour apprendre peu à peu à y remédier). Travailler UN aspect mais bien le faire est déjà très bénéfique !
Ainsi, plus on avance, plus tout se met en place en nous progressivement et lorsque le concert arrive, on peut «oublier la technique » et… se laisser aller au chant.
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C) La gestion des résonateurs pour détendre la langue, la mâchoire, la glotte.
Séverine accorde une grande importance à la détente de la mâchoire, qui tombe vers le bas. En la gardant bien souple, la langue trouve alors sa place naturellement : « elle reste devant, molle, déposée contre les dents, sans jamais reculer, comme un petit tapis mou ».
Echauffer toute la tessiture, éventuellement l’étendre. Il est important de faire travailler les passages en douceur pour obtenir une homogénéité de la voix. Pour l’émission des notes aigues, imaginer un petit « parachute » dans le voile du palais : le parachute s’élève et sort de la tête… Par exemple, pour le son « A » aigu, ouvrir le voile du palais très haut, mâchoire bien ouverte et langue bien basse ( comme chez le docteur qui place un bâton dans la bouche).
Enfin, apprendre à s’écouter les uns les autres pour créer une homogénéité vocale. Si le corps est alerte et la technique établie, il n’y a plus qu’à ouvrir les oreilles pour chanter juste. Foi de Séverine !
Puissent ses conseils résonner encore une fois en nous et susciter peut-être l’envie de découvrir ce petit bout de femme à la voix suave, qui n’a d’autre prétention que de partager son expérience avec nous, les amoureux du chant…
Chantal Bruynbroeck